Longtemps hermétique à la notion d’innovation, le secteur de l’immobilier centralise l’attention de nombreuses startups, déterminées à lui faire prendre le virage des nouvelles technologies. D’aucuns imaginent qu’il en résultera un bouleversement culturel.
La transformation nécessaire du secteur de l’immobilier
Le secteur de l’immobilier est longtemps resté hermétique aux nouvelles technologies et a tardé à entamer sa révolution numérique. Traditionalisme, héritage culturel ? Vincent Pavanello, qui a co-écrit le livre “L’immobilier demain. La Real Estech, des rentiers aux entrepreneurs”, a réfléchi à d’autres explications : il pense que les entreprises du domaine n’avaient jusque-là pas intérêt à innover et ne disposaient pas des moyens pour le faire. “Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par le fait que les marchés y sont très locaux et fragmentés. (…) Ces entreprises sont trop petites et ont donc des capacités d’investissement dans l’innovation bien plus faibles que ce que l’on observe dans le secteur des télécommunications par exemple”, a-t-il expliqué dans les colonnes de La Tribune.
Les changements qui ont été initiés résultent, selon lui, d’un changement de mœurs : “La “consommation” de l’immobilier est finalement très peu fréquente par les Français, qui achètent ou vendent tous les 15 ou 20 ans. (…) Les citoyens s’habituent, dans d’autres pans de l’économie, notamment numérique, a une qualité de service élevée, à la possibilité d’évaluer et de noter. Les jeunes générations ont tendance à changer deux fois plus vite de logement que les autres.”
Digitalisation, désintermédiation, construction hors site…
Si l’on en croit l’association Real Estech, 400 startups espèrent faire leur trou dans des activités qui touchent, de près ou de loin, à l’activité immobilière. Vincent Pavanello note qu’une partie d’entre elles œuvre “dans la désintermédiation, par exemple en créant des outils numériques, presque des intranets, pour les syndics de copropriété”. Il craint d’ailleurs que cette tendance ne crée une hausse des tarifs de syndics.
Le home Staging (conseils pour renouveler son intérieur, Ndlr) et la conciergerie Airbnb rencontrent également du succès. La robotisation pourrait quant à elle permettre aux entreprises du bâtiment de pallier les difficultés à trouver de la main-d’œuvre. Mais la véritable révolution pourrait concerner la production hors site : “Avec Real Estech nous préparons un rapport qui va dans ce sens. Le groupe GA Smart Buildings, basé en région toulousaine, est en pointe sur la construction en usine et l’assemblage sur site. Les principaux acteurs de la construction française regardent tous le sujet de près”, a encore confié Pavanello.
Les GAFA devraient aussi entrer dans la danse
Il reste à voir si les acteurs de l’immobilier se laisseront séduire par toutes ces perspectives d’évolution. Pour les convaincre, les startups devront faire évoluer l’image qu’elles véhiculent dans le secteur : ” Les retours de ces derniers sont pour l’instant assez négatifs : soit ils achètent trop tôt la startup et le projet n’est pas assez mature, soit ils l’achètent trop tard et ça leur coûte très cher. De plus, beaucoup de startuppers ne veulent pas d’une entreprise à leur capital car ça les empêche de travailler avec les concurrents de cette dernière. (…) En se rappelant qu’un fonds a vocation à accompagner la croissance d’une startup et à l’accélérer, et pas à la créer de toutes pièces. Ouvrir son capital est souvent douloureux mais nécessaire”, a-t-il conclu.
Dans le secteur des logements connectés, les GAFA sont déjà bien développées. Ils savent que l’hyperconnectivité est la tendance de demain. Cependant, les promoteurs immobiliers travaillent surtout avec des startups en France et plusieurs promoteurs ont déjà sortis de terre des logements connectés innovants.
Les attentes des clients évoluent et les intérêts des professionnels de l’immobilier devraient bientôt s’accorder avec ceux des startups. L’idée d’un rapprochement paraît aujourd’hui avoir du sens, alors que les GAFA ont déjà mis un pied sur le marché américain. Ils envisagent d’en faire de même en Europe.
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