Climate Mobilization Act : la loi pour dépolluer les gratte-ciel New-yorkais

Une nouvelle loi nommée “Climate Mobilization Act” (loi sur la mobilisation climatique en anglais) a été mise en application par le Conseil municipal de New-York depuis le 18 avril 2019. Elle a pour but de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre des gratte-ciel de la plus grande ville américaine.

Les gratte-ciels de New-York qui vont être rénovés

50 000 gratte-ciel de New-York vont devoir subir des travaux énergétiques

La ville la plus peuplé des États-Unis a connu des catastrophes climatiques ces dernières années, notamment l’ouragan Sandy, suite à cela le Conseil municipal de la ville a défini un objectif écologique global de réduire de 80 % les émissions de GES d’ici 2050. Aujourd’hui, la promulgation du nouveau texte est une forte avancée pour atteindre cet objectif.

Les détails de la “Climate Mobilization Act”

Le Conseil municipal de New-York a opté pour un tournant décisif dans la lutte contre le réchauffement climatique avec la promulgation de cette nouvelle loi. Elle oblige les gratte-ciel de New-York de réduire de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Une mesure très importante car les bâtiments sont responsables de 70 % des émissions de carbone dans la ville de New-York.

New-York entend bien rester la ville emblématique des gratte-ciel, pour cela, il faut que ses constructions ne deviennent pas obsolètes avec le temps. Or, la tendance des dernières années est la présence de plus en plus forte de la dimension écologique dans les constructions. Avec la nouvelle loi, la “Big Apple” veut rester pionnière et donc montrer l’exemple pour la construction de gratte-ciel à faible impact environnementaux.

Les bâtiments qui sont concernés par le nouveau texte ratifié auront donc un peu plus de 10 ans pour opérer les travaux nécessaires pour cette transition énergétique. Il s’agit de tous les bâtiments résidentiels et commerciaux de plus de 2 300 m², ils représentent au total un tiers des émissions de gaz à effet de serre de toute l’agglomération. Si des bâtiments ne sont pas aux normes en temps voulu, alors, de lourdes amandes seront applicables. On estime que plus de 50 000 bâtiments sont concernés par cette loi.

“C’est la législation de réduction des gaz à effet de serre la plus agressive jamais adoptée par une grande ville américaine. Nous sommes au bord d’un désastre climatique et New-York agit. J’espère que d’autres villes suivront”, Corey Johnson, porte-parole du Conseil municipal de New-York.

Des travaux coûteux, mais de belles opportunités

Face à cette petite révolution sur le secteur de l’immobilier, certains propriétaires new-yorkais prennent peur quant aux coûts que les travaux peuvent engendrer. D’après des estimations, la somme pourrait s’élever à 4 milliards de dollars soit 3,5 millions d’euros environ.

Cependant, l’Empire State Building, un des gratte-ciel les plus emblématique de la ville, a montré que c’était possible. Cette tour, datant de 1931, a été totalement rénovée à partir de 2009 dans une optique écologique forte :

  • Elle a réduit de 40 % sa consommation d’énergie
  • Des travaux colossaux pour l’isolation thermique et la consommation d’électricité :
    • 6 500 fenêtres remplacées
    • 3 000 000 d’ampoules remplacés
    • 67 ascenseurs rénovés
  • Un système de gestion d’énergie intelligent a été installé
  • Environ 550 millions de dollars ont été nécessaires tant le bâtiment est imposant
  • Un coût total amorti en 4 mois seulement (c’est un record)

En s’attaquant à ce type de rénovation, la ville de New-York va devenir un exemple dans le monde entier en terme de construction de la ville du futur. Un président de syndic d’une tour de plus de 400 logements pense lui que l’objectif de la nouvelle loi est impossible à atteindre en raison du manque de technologie. Cependant, c’est justement l’occasion de créer de nouvelles technologies qui pourront être utilisées par d’autres villes au climat semblable à New-York. De plus, les recherches de technologies vertes et la mise en œuvre des travaux permet de créer de l’emploie. Pour Corey Johnson, “c’est exactement le type d’action économique + climatique dont nous avons besoin”.

Tour énergivore : l’exemple de la Trump Tower

La Trump Tower est l’une des tours les plus polluantes de New-York © Trump.com

Le célèbre gratte-ciel du Président actuel des États-Unis construite en 1983, la Trump Tower, symbolise bien le problème des tours polluantes. Alors que le gratte-ciel était considéré comme l’un des plus chics de la ville à l’époque, aujourd’hui la vision a bien changé et les investisseurs, notamment, ne sont plus intéressés par ce gratte-ciel.

L’une des principales raisons est le fait que c’est une tour extrêmement énergivore, l’une des plus polluantes de toute la ville. D’ailleurs, Trump possède sept autres tours dans la ville, en additionnant ces huit édifices, on estime que ce sont 27 000 tonnes de gaz qui sont relâchés dans l’atmosphère chaque année. Le maire de la ville et candidat à la présidentielle 2020, Bill de Blasio, a averti Donald Trump que sans les travaux nécessaires opérés pour la Trump Tower d’ici 2030, cela lui coûterait 500 000 dollars d’amandes par an. Si l’on compte ses sept propriétés, l’amande pourra s’élever à plus de 2 millions de dollars par an.

Malgré des doutes de la part des propriétaires new-yorkais, de nombreux experts affirme qu‘une rénovation énergétique majeure est économiquement rentable sur le long terme. D’ailleurs, de nouvelles mesures vont émerger avec notamment le “bail vert” qui permettra aux propriétaires et aux locataires de partager les économies d’énergie réalisées.

L’immobilier est en train de prendre un tournant écologique fort et cela se ressent dans le monde entier à travers de nouvelles constructions. En Asie, par exemple, il y a l’Agora Garden qui est une tour située à Taipei et qui permet de dépolluer la ville grâce à sa végétation, cette oeuvre a été réalisée par l’architecte précurseur des hautes tours écologiques, Vincent Callebaut.