Arrêt de MaPrimRénov favorisant la rénovation, fin des dispositifs fiscaux pour le neuf, que veut le gouvernement ?

Le secteur immobilier français traverse depuis 2022 une crise sans précédent, touchant particulièrement la promotion immobilière et la construction de logements neufs. Cette situation critique oblige aujourd’hui de nombreuses entreprises du bâtiment à repenser leur stratégie, à se diversifier et à investir de nouveaux champs d’activités pour survivre. Le marché, autrefois florissant grâce aux programmes de construction neufs, se contracte sévèrement, imposant aux acteurs du secteur de se réinventer rapidement, notamment en se tournant vers des domaines comme la rénovation énergétique ou patrimoniale.

Changements de lois et normes

Les entreprises et particuliers ne savent plus comment se projeter avec les changements de lois

La transition entre construction neuve et rénovation ne s’effectue toutefois pas sans difficulté majeure pour les entreprises. En effet, ces deux secteurs d’activités, bien qu’appartenant tous deux au domaine du bâtiment, possèdent des caractéristiques très distinctes. Tandis que les chantiers de construction neuve se trouvent généralement en périphérie urbaine, avec un accès relativement aisé aux véhicules et à la livraison des matériaux, les projets de rénovation se situent souvent en plein centre-ville. Ces derniers imposent des contraintes majeures : difficultés de stationnement, livraisons complexes dans des rues étroites, interventions en milieu occupé par des habitants, ce qui complexifie considérablement l’organisation et la cadence des travaux entre les différents corps de métiers. Par conséquent, les équipes de rénovation sont généralement plus petites, spécialisées, et doivent suivre une formation spécifique adaptée à ce contexte particulier. Le rythme des interventions est également différent, exigeant davantage de coordination et une gestion fine des délais pour minimiser les nuisances auprès des occupants.

Face au recul drastique du secteur de la construction neuve, beaucoup d’entreprises du bâtiment se sont rapidement tournées vers la rénovation. Toutefois, cette adaptation a nécessité des investissements financiers conséquents, en termes de trésorerie et de formation des équipes. Il a aussi fallu qu’elles investissent dans du matériel : véhicules pouvant se garer en centre ville, machines plus légères pour être déplacées d’un stationnement au chantier… Malgré ces difficultés initiales, les sociétés ont été poussées à s’adapter par les politiques gouvernementales et législatives visant à promouvoir massivement la rénovation énergétique du parc immobilier existant. Ce mouvement répond notamment à des objectifs environnementaux ambitieux, visant à réduire la consommation énergétique des logements anciens et à répondre aux exigences écologiques européennes.

Dans ce contexte, l’État français a progressivement mis en place différentes aides financières destinées à encourager les particuliers à effectuer des travaux de rénovation. Parmi les plus emblématiques figure le dispositif MaPrimeRénov’, lancé en janvier 2020. Cette aide remplace le Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) et les aides de l’Anah (Agence nationale de l’habitat). Elle propose un soutien financier aux propriétaires occupants, bailleurs, et copropriétaires, afin de financer divers travaux visant à améliorer l’efficacité énergétique des logements, tels que l’isolation, le remplacement de systèmes de chauffage vétustes ou encore l’installation de panneaux solaires. Le montant de MaPrimeRénov’ varie selon les revenus du foyer et la nature des travaux réalisés, avec un plafond pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros, permettant ainsi à des millions de ménages français de réaliser des rénovations significatives à moindre coût.

Cependant, fin 2024, le gouvernement a annoncé la suspension du dispositif MaPrimeRénov’ jusqu’à la fin 2025. Cette décision surprenante a été prise en réponse à des abus constatés, notamment des fraudes ou détournements liés à la surfacturation des travaux ou à l’obtention d’aides indues. Les conséquences de cette suspension sont très lourdes pour les particuliers qui avaient récemment acquis des logements anciens avec l’intention de profiter de ces aides pour réaliser d’importantes rénovations. Les entreprises et artisans qui avaient établi des devis et comptaient sur ces chantiers pour maintenir leur activité économique voient également leur situation devenir critique, confrontés à une baisse brutale des commandes. Ainsi, cette interruption brutale met en péril la pérennité économique de nombreuses petites et moyennes entreprises qui s’étaient spécifiquement structurées pour répondre à la demande croissante en rénovation énergétique.

En conclusion, la gestion gouvernementale actuelle du secteur du bâtiment en France suscite de nombreuses interrogations et inquiétudes parmi les professionnels. Le choix récent de stopper progressivement les dispositifs fiscaux favorables à la construction, comme la loi Pinel, tout en durcissant continuellement les normes de construction, plonge le secteur dans une crise profonde. Le gouvernement justifiait initialement ces restrictions par un encouragement massif à la rénovation énergétique, promettant une transition favorable aux entreprises. Pourtant, l’arrêt brutal de MaPrimeRénov’ vient à nouveau fragiliser les entreprises qui s’étaient adaptées aux attentes publiques. Cette instabilité chronique des politiques publiques françaises ne permet pas aux entreprises de se projeter sereinement dans l’avenir. Alors que le secteur du bâtiment représente l’un des principaux employeurs en France, il semble paradoxal que les autorités adoptent des décisions aussi contradictoires et pénalisantes pour ce secteur économique essentiel.

Il semble finalement que le gouvernement annule sa décision pour réinstaller MaPrimRénov’ dès le mois de septembre….une décision et une annonce prise à la hâte sans aucune réflexion sur les entreprises et les particuliers qui ne savent plus comment investir dans la durée.